Les rites d’initiation se déroulent en sept étapes dans la tradition copte: avant le baptême, le baptême, la confirmation, la première communion, les rites qui suivent le baptême, la circoncision et la reddition.
Sept jours après la naissance, c’est la prière tu ticht (un grand bassin rond). De l’eau est versée dans ce ticht avec un peu de sel et d’huile. Il est entouré de sept bougies allumées. Sous chaque bougie se trouve un petit papier avec un nom qui sera donné à l’enfant. La bougie qui se consume en dernier déterminera le nom. Après quelques lectures, le prêtre bénit l’eau du ticht et y plonge le nouveau-né.
Dans toutes les familles coptes et musulmanes se déroule encore la cérémonie du septième jour, toujours autour d’un ticht rempli d’eau. Les rites de ce septième jour sont presque identiques dans toutes les régions d’Egypte. Ces rites sont appelés « El-Sibou », terme arabe désignant la semaine ou les sept jours.
Le nombre sept a une grande importance dans la célébration des rites de ce septième jour. Il y a ainsi sept graines de « foul » (fèves) ou de riz, sept passages de la femme au-dessus du crible et du feu, sept bougies, sept noms, etc...
Les rites du « Sebou » commencent au soir du sixième jour après la naissance de l’enfant. Ils débutent par le choix du nom à donner au bébé, pour trancher les contestations et les différents avis autour de ce choix, les familles procèdent à un véritable rite initiatique qui fait entrer l’enfant dans la société par l’imposition de son nom.
Le choix de ce nom est très important car il sera l’identité même de l’individu qui le porte et le signe caractéristique de sa personnalité.
Un ticht est placé dans la chambre de la mère qui a enfanté et une gargoulette de terre cuite est placée au centre de ce récipient. Cette gargoulette est munie d’un goulot déverseur pour les garçons et il est sans goulot pour les filles. Cette gargoulette est décorée de dessins, de fleurs et de bougies. Des graines de « foul » et de riz sont placées dans le ticht et les amis et visiteurs y jettent quelques pièces de monnaie.
Le ticht est entouré de sept bougies et un papier portant un nom est placé en-dessous de chacune d’elles. Les bougies sont allumées et toute la famille attend. Une à une les bougies se consument et la dernière à rester allumée désigne le nom de l’enfant tel qu’il est inscrit sur le papier.
Puis des rites forts compliqués vont se dérouler. Les graines de « foul » qui sont restées toute la nuit dans le ticht, sont enfilées les unes avec les autres, en petits chapelets avec sept graines chacun formant ainsi de petits colliers ou des bracelets. Un vase est rempli de sel mélangé avec sept produits de la terre: du « foul », du maïs, du blé, de la « loubia » (petit haricot blanc), de la « helba » (sorte de fenouil grec), du « termès » (lupin) et du haricot blanc. Certains ajoutent du riz.
Dans les familles paysannes, le père de l’enfant ira semer une partie de ces graines dans ses champs pour assurer la fertilité de ses terres et la bonne croissance de son enfant. Une petite quantité de ce mélange est enfermée dans un sachet qui est épinglé dans les vêtements de l’enfant et le reste des graines est répandu dans la maison au cours de la cérémonie.
Outre ce mélange du sel avec les sept produits de la terre, symboles de conservation, de fécondation et de bénédiction, du sucre et du pain sont placés dans un sachet avec une pièce de monnaie. Le sucre fera en sorte que l’enfant devienne beau et le pain afin qu’il vive bien et que toute crainte sera éloignée de lui. La pièce de monnaie le fera devenir riche et tout lui sera propice dans la vie. L’enfant devra porter ce sachet sur lui pendant quarante jours.
Un brasero, rempli de charbons ardents, est placé dans la chambre de la mère et le père de l’enfant y jette de l’encens, un peu de « fasoukh » (matière résineuse) et du « chabbah ». Ce dernier, en brûlant dans le feu, pend une forme humaine et c’est alors un bon présage pour l’avenir de l’enfant. L’encens est destiné à écarter du bébé les « afrits », qu’ils soient démons ou mauvais esprits. L’encens écartera encore de l’enfant les mauvaises odeurs.
La mère prend alors l’enfant et se place devant le brasero fumant. Par sept fois, elle passe par-dessus alors que la sage-femme y jette un peu du mélange de sel avec les sept produits de la terre. Ensuite, un grand couteau de cuisine est placé à droite puis à gauche du brasero afin que tout mal ou tout esprit mauvais soient écartés de l’enfant. Pendant ce temps, les assistants chantent:
Un pendant d’or à tes oreilles,
O notre maître, ô notre maître,
Que tu grandisses
Et sois aussi grand que nous,
Que tu restes en bonne santé
Et le talon blanc couvert de henné
Par tes hommes, par tes hommes
Ce chant est rythmé avec un pilon frappant dans un mortier.
Après ce rite, la mère, portant son enfant, circule dans la maison alors que les assistants jettent des graines de riz et le sel mélangé aux sept produits de la terre. L’enfant est ensuite placé dans un « ghorbal » (crible).
L’enfant est ainsi couché dans ce crible avec un grand couteau de cuisine sur sa gauche. Par trois fois, la sage-femme, ou la personne qui préside la cérémonie, saisit le crible et le jette par terre pendant que l’on frappe violemment le pilon dans un mortier. Ainsi l’enfant ne devra plus jamais avoir peur pendant sa vie.
Par sept fois, la mère passe par-dessus le crible et à chaque passage le couteau est placé par sept fois à droite et à gauche du bébé. Ce dernier rite symbolise la prise en charge de la mère qui devra assurer l’éducation de son enfant et éloigner de lui tout ce qui pourrait lui nuire.
La cérémonie du septième jour s’achève ainsi et la famille de l’enfant distribue aux parents et amis ces graines de « foul » enfilées sept par sept, les bougies qui ont été allumées au cours de la célébration de ces rites en signe de bonheur et de prospérité pour tous.
Des sachets remplis de « foul soudani » (cacahuètes), de dattes sèches, de bonbons et de dragées sont aussi distribués à l’assistance en souvenir de cette célébration du septième jour après la naissance.
Ces rites sont ainsi ceux de l’entrée de l’enfant dans la société et la communauté religieuse et plaçant aussi la vie de l’enfant entre les mains de Dieu, tout en écartant de lui tout ce qui pourrait lui nuire et le détourner de la voie droite et de la religion. C’est un rite millénaire qui se poursuit, presque sans changements, dans de nombreuses familles égyptiennes.
Revenons aux rites coptes d’initiation. Quarante jours après la naissance d’un garçon et quatre-vingts jours après celle d’une fille, la mère se rend à l’église pour être purifiée. Pendant ces deux périodes elle n’entrait pas à l’église à cause de l’impureté contractée par l’enfantement. Le prêtre lit sur la mère une prière d’absolution et l’oint avec de d’huile.
Le baptême ne se fait jamais avant les quarante jours qui suivent la naissance du garçon et quatre-vingts jours pour les filles. Les baptêmes se déroulent dans les églises paroissiales ou dans les lieux de pèlerinage. Certaines familles choisissent le dimanche des baptêmes qui est le 6ème dimanche du grand carême. Pour chaque baptême le prêtre doit consacrer l’eau. Le prêtre prend le bébé par les mains et les pieds et le plonge à trois reprises dans l’eau en disant: « Au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit ».
La confirmation suit et le prêtre oint avec le myron (saint chrême) le bébé avec 36 onctions sur toutes les parties du corps.
L’enfant est ensuite habillé de blanc et le prêtre place une couronne sur sa tête. Au cours de la liturgie eucharistique le nouveau baptisé fera sa première communion. Le prêtre trempe son doigt dans le calice et le fait sucer au bébé.
Huit jours après le baptême, le prêtre se rend à la maison pour le dénouement du lien. Après le baptême un ruban rouge ou blanc est attaché par dessus les vêtements blancs. Après avoir béni de l’eau dans un ticht, le prêtre y plonge de bébé tout habillé. Il est ensuite revêtu de vêtements ordinaires.
La circoncision n’est pas un rite liturgique, mais fait partie de la tradition égyptienne chez les Coptes comme chez les Musulmans. Il en est de même pour l’excision des filles.
Vers l’âge de 12 ans l’enfant est conduit par son parrain devant la porte du sanctuaire de l’église. Jusqu’alors le parrain était responsable de l’enfant devant la communauté. Mais, dès lors, l’adolescent se prend lui-même en charge. Ce rite a actuellement disparu.